JEAN-LAURENT BONNAFÉ : L’année 2024 et notre environnement actuel sont effectivement marqués par un contexte international de plus en plus instable. Les États-Unis et la Chine se disputent un leadership mondial. Les espoirs d’un cessez-le-feu durable restent fragiles, en Ukraine comme à Gaza. Sur le plan macroéconomique, la hausse des tarifs douaniers, à l’initiative de l’administration Trump, agite le spectre d’une guerre commerciale. Dans la zone euro, la stagnation de 2024 devrait laisser place à une croissance modeste en 2025. Les causes de cette morosité sont à la fois structurelles et conjoncturelles. Du côté des premières, les principales sont les difficultés de l’industrie, un investissement insuffisant et un endettement élevé. Du côté des secondes, la conjoncture incertaine suscite de la prudence et de l’appréhension chez les acteurs économiques. Les entreprises hésitent à investir et le chômage tend à repartir à la hausse, notamment en Allemagne et en France. Toutefois, le paysage présente également des signes qui invitent à l’optimisme, je pense en particulier au net rebond du marché immobilier, sous l’effet de la baisse des taux d’intérêt.
Dans ce contexte mouvant, le rôle de BNP Paribas est de soutenir ses clients pour les aider à se projeter. Nous continuons à accompagner les entreprises dans leur développement et leur transition vers une économie bas carbone. Cela exige une attention et une vigilance constantes, dans toutes nos géographies, afin d’être toujours en mesure de leur apporter des solutions personnalisées de conseil, de gestion, de financement et d’investissement comme de management des risques. Grâce à la puissance de notre modèle diversifié et intégré, nous mobilisons les expertises de nos métiers de façon coordonnée afin de proposer à chaque entreprise des solutions adaptées à ses besoins. Face aux turbulences, nous nous tenons également aux côtés des clients les plus fragiles : BNP Paribas a été désigné « Meilleure banque au monde pour l’inclusion financière » par le magazine Euromoney en 2024.
J.-L.B. : Mon premier constat porte sur la formidable résilience du Groupe dans cet environnement adverse. En effet, l’année 2024 a été marquée tant par des gains de parts de marché que par des développements stratégiques. Nos résultats sont très solides et dépassent nos objectifs : nous nous étions engagés sur une hausse des revenus de 2 % par rapport à 2023 et ils progressent de 4,1 %.
Les mesures de renforcement de notre efficacité opérationnelle nous ont permis de contenir nos frais de gestion, en progression de 2,1 % par rapport à 2023, soit un effet de ciseaux positif de 2 points, dans un contexte de croissance de l’activité pour la plupart des métiers. Grâce à l’attention constante portée à la qualité et à la diversification de notre portefeuille de clients, nous maintenons le coût du risque à un niveau bas. Cette performance, créatrice de valeur, assoit notre solidité financière : avec un ratio CET1(1) à 12,9 %, nous continuons à croître de façon régulière et disciplinée.
Nos trois pôles opérationnels apportent toute leur contribution à la performance globale du Groupe. Corporate & Institutional Banking (CIB) a réalisé d’excellentes performances, avec 17,9 milliards d’euros de revenus, tout en continuant à gagner des parts de marché dans ses trois métiers - Global Banking, Global Markets et Securities Services. Grâce à sa plateforme à forte valeur ajoutée, notre pôle s’est installé dans le top 3 européen et conforte sa position de première banque d’investissement européenne dans la région Europe, Moyen-Orient, Afrique (EMEA). Commercial, Personal Banking & Services (CPBS) a fait preuve d’une belle résistance dans un environnement de marché peu favorable. Ses revenus, en très légère progression par rapport à 2023, s’établissent à 26,8 milliards d’euros, grâce à la bonne dynamique de nos banques commerciales. Enfin, Investment & Protection Services (IPS) affiche 5,8 milliards d’euros de revenus, en hausse de 4,2 %, avec de bonnes performances en gestion d’actifs et en assurance.