Rapport Intégré 2024

Message de Jean Lemierre

CONTRIBUER À RENFORCER la souveraineté européenne dans un nouvel ordre mondial.

Jean Lemierre, Président du Conseil d’administration de BNP Paribas

Depuis plusieurs mois, les tensions géopolitiques ne cessent de s’accroître. Nous assistons à une fragmentation du monde et à l’émergence de nouveaux équilibres. En Ukraine, après trois années de guerre, la population est exsangue. Au Proche-Orient, la première phase de trêve s’est achevée dans une grande incertitude. En Syrie, après la chute de Bachar el-Assad, la transition reste incertaine. L’arrivée au pouvoir de l’administration Trump aux États-Unis a entraîné une recomposition des rapports de force mondiaux tant sur le plan diplomatique, comme nous le constatons sur la question de la guerre en Ukraine, que sur le plan économique, avec une nouvelle forte accentuation des tensions commerciales.

L’EUROPE, FACE AUX ÉTATS-UNIS ET À LA CHINE

Dans ce nouvel ordre mondial, l’Europe doit redéfinir sa place pour faire valoir ses intérêts, ses valeurs et son modèle. Elle peut tirer profit des impacts négatifs, pour les États-Unis et la Chine, de leur lutte pour le leadership mondial. Concernant la Chine, la hausse des droits de douane imposée par l’administration américaine entravera la relance économique, déjà pénalisée par une crise persistante de l’immobilier, une consommation morose et une hausse de la dette publique. Pour l’économie américaine, jusque-là en bonne forme, la guerre commerciale risque d’entraîner une reprise de l’inflation pesant sur le pouvoir d’achat des Américains.

 

« L’Europe doit se réformer en se simplifiant : c’est en renforçant sa compétitivité et sa capacité à innover qu’elle sera plus résiliente dans ce nouvel ordre mondial. »

Pour retrouver une place de premier plan sur la scène internationale, l’Europe doit dépasser ses problèmes structurels - endettement élevé, stagnation de la productivité sur fond de vieillissement démographique, chute de la production industrielle et recul des exportations. Le marché intérieur est le grand atout de l'Europe. Il doit être sans cesse amélioré. La croissance européenne restera faible en 2025. Pour autant, rien n’est joué et des signes positifs sont perceptibles. Parmi les plus significatifs, la Banque centrale européenne (BCE) poursuit le cycle de baisse des taux d’intérêt à la faveur d’une inflation contenue. Le dynamisme des pays d’Europe du Sud et la perspective d’un assouplissement des régulations constituent d’autres facteurs d’optimisme. À cet égard, j’espère que la « boussole pour la compétitivité »(1) voulue par la Commission européenne fera office de feuille de route pour replacer l’économie européenne dans la course mondiale. L’Europe doit se réformer en se simplifiant : c’est en renforçant sa compétitivité et sa capacité à innover qu’elle sera plus résiliente dans ce nouvel ordre mondial.