« Grâce au financement des aires marines protégées, nous conjuguons conservation marine et développement économique des communautés locales. »
NICOLAS PASCAL
Directeur Exécutif de Blue Alliance Marine Protected Areas
« Au terme de trois ans de travaux, les 165 scientifiques du monde entier regroupés dans la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), l’équivalent pour la biodiversité du GIEC(1) pour le climat, dressent un constat alarmant pour les récifs coralliens. Ces derniers représentent l’écosystème le plus menacé de disparition dans les 10 à 50 prochaines années. Les trois causes majeures de leur déclin sont le réchauffement des océans, dû au dérèglement climatique, la pollution et la surpêche(2). Des causes aux effets simultanés, auxquelles les aires marines protégées (AMP)(3) apportent des réponses complètes : protection de la biodiversité, augmentation des stocks de poissons, amélioration du niveau de vie des communautés locales, développement des revenus du tourisme.
18 000 AMP sont répertoriées dans le monde, couvrant 30 millions de kilomètres carrés d’eaux côtières, soit 8,2 % de la surface des océans et des mers et dont près de 70 % sont inopérants ou fortement sous-financés. Une situation jugée insuffisante au regard de l’accord dit « 30x30 », promu par les Nations Unies lors de la COP15 biodiversité, en 2022, qui vise à protéger 30 % des océans d’ici à 2030. En outre, la majorité de ces aires peinent à se développer convenablement en raison d’un financement insuffisant.
C’est précisément pour donner aux AMP les moyens de jouer tout leur rôle vertueux que nous avons créé notre alliance, il y a 10 ans. Nous collaborons avec des gouvernements dans le cadre de délégations de gestion, afin de régénérer et protéger durablement les écosystèmes des récifs coralliens tout en améliorant les conditions de vie des communautés locales. Pour assurer la pérennité de nos activités, nous cherchons à diversifier les sources de revenus, en complétant nos fonds publics et philanthropiques. C’est pourquoi nous avons créé avec les équipes de BNP Paribas, en octobre 2024, une facilité de dette à impact. Cette « Blue Finance Facility », pilotée par Blue Alliance, apporte un financement de long terme à des entreprises communautaires locales qui participent à la préservation des récifs coralliens, améliorent les revenus des communautés vulnérables et contribuent au financement du fonctionnement des AMP, en leur reversant des dividendes ou au travers d’un mécanisme de partage des revenus. Quatre activités sont concernées : l’écotourisme responsable, l’aquaculture communautaire, la pêche durable et, prochainement, la restauration de mangroves permettant la séquestration de CO2.
Structurée par l’équipe d’investissement à impact(4) de BNP Paribas, cette facilité apporte du capital patient, qui permet aux entreprises d’atteindre un niveau de développement suffisant avant tout remboursement, et dont le taux d’intérêt est indexé sur la réalisation d’objectifs d’impact positif sur les écosystèmes marins et les communautés.
Nous avons ouvert notre « Blue Finance Facility » à des investisseurs tiers, pour une taille cible de 10 millions de dollars US. Grâce à un investissement initial de BNP Paribas de 2,4 millions de dollars US, nous avons pu lancer des entreprises communautaires en Indonésie, aux Philippines, en Tanzanie et bientôt en République de Cabo Verde. Nous soutenons ainsi la régénération des récifs coralliens dans 1,7 million d’hectares d’AMP, tout en améliorant les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de 110 000 membres des communautés locales, par la création d’emplois directs et indirects.
Il s’agit du premier financement sur la thématique de l’économie bleue de l’équipe d’investissement à impact de BNP Paribas. Ce rôle initiateur va permettre d’attirer de nouveaux investisseurs dans ce milieu critique, mais sous-financé, de la régénération des récifs coralliens et de la lutte contre la pauvreté dans le Sud. Cette confiance nous encourage à amplifier de manière ambitieuse notre démarche en Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne, pour obtenir un impact à grande échelle dans ces régions. »
ENTRETIEN RÉALISÉ LE 10 MARS 2025.
BLUE ALLIANCE
Créée en 2015 par Nicolas Pascal et Angelique Brathwaite, Blue Alliance Marine Protected Areas régénère la biodiversité des récifs coralliens menacés tout en soutenant les communautés côtières. Elle gère 1,7 million d’hectares d’aires marines protégées en Indonésie, aux Philippines et à Zanzibar. Elle régénère ainsi des récifs coralliens et des mangroves, protège plus de 70 espèces menacées et améliore les moyens de subsistance de 38 000 personnes vivant autour des aires. Outre la conservation écologique, son modèle vise l’autonomisation économique des communautés locales et de la conservation, grâce à la génération de revenus à long terme dans le cadre de l’économie bleue.
- Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat est un organisme intergouvernemental chargé d’évaluer l’ampleur, les causes et les conséquences du changement climatique.
- IPBES, décembre 2024.
- Selon l’Union internationale de la conservation de la nature : « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré par des moyens légaux ou d’autres moyens efficaces, visant à assurer la conservation à long terme de la nature et des services écosystémiques et valeurs culturelles qui y sont associés. »
- L’Engagement d’entreprise de BNP Paribas et BNP Paribas Asset Management déploient l’enveloppe d’investissement à impact pour compte propre du Groupe, d’un montant de 200 millions d’euros.