Rapport intégré 2023

3. Transitions

Le développement de nos sociétés s’est construit sur les énergies fossiles et en dépend encore largement. Pour inverser la tendance et atteindre un objectif net zéro en 2050, BNP Paribas opère depuis une dizaine d’années une transformation d’ampleur. 

Le Groupe a notamment publié en 2010 une première politique de restriction de ses financements dans le secteur du charbon, et pris une décision de sortie totale du charbon thermique en 2020, sortie qui sera définitive d’ici à 2030 dans les pays de l’Union européenne et de l’OCDE(1) et en 2040 dans le reste du monde. En parallèle, en 2017, BNP Paribas a été la première banque au monde à cesser tout financement (crédits et obligations) aux spécialistes des hydrocarbures non conventionnels (pétrole et gaz de schiste, sables bitumineux, méthane de houille, etc.). 

En janvier et mai 2023, nous avons opéré un virage stratégique majeur dans le financement à la production d’énergie, en actant notre sortie du financement à l’exploration-production pétrolière et gazière pour réallouer nos flux financiers vers la production d’énergies bas carbone, en ligne avec le scénario net zéro 2050 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ce dernier met en évidence la nécessité d’une très forte augmentation des investissements dans les énergies bas carbone, indispensable pour permettre le désengagement complet des énergies fossiles et l’atteinte de la neutralité carbone en 2050. Concrètement, cela se traduit par l’arrêt de tous les financements, de quelque nature que ce soit, dédiés au développement de nouveaux champs pétroliers ou gaziers. Nous nous sommes également engagés à consacrer à l’horizon 2030 plus de 80 % de nos activités de financement à la production d’énergie aux énergies bas carbone, essentiellement renouvelables, pour atteindre un montant d’au moins 40 milliards d’euros d’exposition de crédit. Ce dernier objectif a depuis été avancé à 2028 et rehaussé à 90 % d’ici à 2030. La proportion résiduelle de crédits à la production d’énergies fossiles dans notre portefeuille de crédits à la production énergétique sera alors inférieure à 10 %. Nous visons enfin pour 2030 une réduction de 80 % de notre exposition de crédit à l’exploration-production de pétrole et de 30 % des financements à l’exploration-production de gaz par rapport à septembre 2022. Début 2024, notre exposition de crédit à la production d’énergies bas carbone s’élevait à 65 % du total de nos expositions à la production d’énergie. La bascule a eu lieu. 

Nos engagements sur le crédit s’accompagnent d’une évolution semblable sur le marché obligataire. Ainsi, le Groupe se classe au premier rang mondial des obligations et crédits ESG(2), avec un montant de 62,5 milliards de dollars US en 2023(3). Il ne se positionne plus qu’à la 41e place mondiale des obligations liées au secteur des énergies fossiles(4), et n’a par ailleurs participé à aucune émission obligataire du secteur pétrogazier depuis mi-février 2023.

« Pour BNP Paribas, la page des énergies fossiles  est en train de se tourner. La bascule a déjà eu lieu. Nous finançons désormais majoritairement des énergies bas carbone. »

Antoine Sire, Directeur de l’Engagement d’entreprise 

3 questions sur la dynamique de transformation à l’œuvre

Comment le rôle de la Direction de l’Engagement d’entreprise évolue-t-il ? 

ANTOINE SIRE Notre feuille de route a vu son périmètre s’élargir alors que nous entrons dans une phase d’industrialisation et d’accélération des sujets ESG au sein du Groupe. L’urgence de la situation, mise en lumière par les scientifiques, la réglementation, les attentes de la société civile et la COP 28, appelle la mobilisation massive du secteur financier pour soutenir la transition énergétique. 

Quel est le rôle des acteurs financiers, en particulier de BNP Paribas, dans le financement de la transition ? 

A.S. Changer de modèle implique d’importants investissements. Les acteurs financiers doivent mobiliser leurs moyens pour soutenir le système économique dans son pivotement vers un monde décarboné. Ils jouent un rôle clé en soutien aux acteurs économiques. 

Pouvez-vous nous citer quelques exemples de sujets essentiels pour la transformation de BNP Paribas ? 

A.S. Pour n’en citer que deux : l’accès à des données ESG robustes, qui est essentiel pour évaluer, agir, rendre compte et mesurer nos progrès ; et l’acquisition de compétences en développement durable, par l’ensemble de nos équipes, qui est une priorité afin que chacun puisse y contribuer.

(1) Organisation de coopération et de développement économiques. (2) Environnementaux, sociaux et de gouvernance. (3) Dealogic 2023 : total obligations ESG (durables, vertes, sociales, sustainability-linked bonds) et crédits ESG (verts, sociaux, ESG-linked loans/sustainability-linked loans). (4) Bloomberg, fin 2023.