La guerre en Ukraine, provoquée par l’agression russe en février 2022, a pris de court tous les observateurs. Plus récemment, en début d’année, un violent séisme a frappé le sud de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie. Nous pensons à nos collègues et à leurs proches, qui ont perdu la vie ou ont été blessés par ce tremblement de terre, le plus important dans la région depuis 1999. Pour soutenir les populations locales, nous avons activé notre Fonds Urgence & Développement, en mobilisant un demi-million d’euros en 72 heures. Cette succession de crises nous démontre, s’il en était encore besoin, que des événements imprévus peuvent survenir à tout moment, susceptibles de bousculer fortement les équilibres géopolitiques et économiques.
Sur le plan économique précisément, nous devrions atteindre au second semestre 2023 une forme de palier dans le mouvement de remontée des taux d’intérêt et, même si la normalisation prend du temps, elle ouvre la voie à une désinflation dans la zone euro courant 2024. Une reprise plus marquée des économies devrait suivre d’ici à fin 2024-début 2025. Malgré ce contexte plus difficile qu’anticipé lors de la conception de notre plan stratégique, grâce à la mobilisation de ses équipes et à la confiance de ses clients, BNP Paribas a tous les atouts pour poursuivre, dans une perspective de long terme, sa croissance de manière maîtrisée et pour accompagner ses clients et l’ensemble de l’économie vers un modèle plus soutenable.
J.-L. B.→ Face à l’urgence liée au dérèglement climatique, les attentes sont légitimement immenses, à la hauteur des exigences, et le défi qui se pose collectivement aux pouvoirs publics, aux entreprises et aux citoyens porte à la fois sur l’ampleur et sur le rythme de la transition. Pour le relever, nous sommes engagés dans une trajectoire qui doit nous amener, à horizon 2050, à financer une économie neutre en carbone et nous nous attachons, dès que cela est possible, à accélérer dans cette dynamique de réduction de nos financements à la production d’énergies fossiles.
La transition vers le bas carbone s’inscrit nécessairement dans un temps qui prend en compte les réalités industrielles. Cependant, pour la rendre à la fois aussi rapide et soutenable que possible, BNP Paribas a pris des engagements clairs et ambitieux. À la faveur de la nouvelle étape que nous avons engagée début 2023, nous aurons ainsi opéré entre 2016 et 2030 – soit en moins de 15 ans – 80 % de la transition de nos activités de financement à la production d’énergie vers le bas carbone. Les énergies renouvelables représenteront alors les quatre cinquièmes de nos financements au secteur de l'énergie.
Nous avons d’ores et déjà pivoté majoritairement en 2022 vers le financement de la production d’énergies bas carbone, qui représentaient 60 % de notre portefeuille de crédits à l’énergie à fin décembre. Notre trajectoire de sortie du pétrole est déjà largement enclenchée. Le Groupe n’a accordé aucun financement dédié à des projets de développement de nouveaux champs pétroliers depuis 2016. Depuis mai 2023, nous excluons tous les financements dédiés au développement de nouvelles capacités pétrolières et gazières.
D’ici à 2030, BNP Paribas aura réduit de 80 % ses financements à l’exploration-production de pétrole – l’exposition résiduelle sera de moins d’un milliard d’euros – et de 30 % ses financements à l’exploration-production de gaz, et aura finalisé sa sortie complète du charbon thermique pour les pays de l’Union européenne et de l’OCDE. Nos engagements, dans ce domaine comme dans celui des hydrocarbures non conventionnels, ont été scrupuleusement respectés. Il en ira de même pour nos engagements dans le domaine du pétrole et du gaz.
Si nous menons à marche forcée la transition de notre portefeuille énergétique, il ne faut pas oublier que c’est en accompagnant la transition vers le bas carbone de nos clients de tous les secteurs que nous avons l’impact le plus fort. Le fait que BNP Paribas ait terminé l’année comme n° 1 mondial des obligations vertes est un bon baromètre de notre capacité à être, à grande échelle, un accélérateur de la transition écologique pour tous nos clients.
Nos avancées et nos performances en finance durable sont par ailleurs reconnues par plusieurs organismes indépendants. Avec une note globale de 63 %, nous sommes par exemple la banque la mieux notée au monde par l’ONG britannique ShareAction, qui désigne également BNP Paribas comme leader européen de la lutte contre le changement climatique et de la protection de la biodiversité. Nous considérons ces reconnaissances comme des encouragements à faire encore mieux, aux côtés de nos clients.
Je suis convaincu que la transition, du fait du changement profond de modèle qu’elle implique, ne peut être menée que collectivement, avec tous les acteurs de la société. Elle exige une mobilisation massive et rapide mais doit être juste et socialement acceptable. Cette recherche d’un équilibre optimal et durable sera au cœur des enjeux de la prochaine décennie.
Entretien réalisé le 15 mars 2023 et mis à jour le 11 mai 2023.