Rapport intégré 2020

Entretien avec Jean-Laurent Bonnafé

Comment envisagez-vous la conjoncture en 2021 ? L’économie mondiale est-elle en mesure de repartir ?

Jean-Laurent Bonnafé : Après une année éprouvante qui a vu la plupart des pays enregistrer de très fortes récessions, les premiers signes de reprise sont de mise pour 2021. Si l’économie chinoise est d’ores et déjà repartie de l’avant, les économies occidentales s’y emploient notamment grâce aux mesures de soutien budgétaire et qui sont mises en œuvre. En dépit de la persistance de certaines restrictions altérant le bon fonctionnement de l’économie, nous pouvons anticiper un retour progressif de la croissance, sur fond de montée en puissance des campagnes de vaccination. Je suis d’autant plus confiant que les entreprises, qui se sont désormais adaptées aux contraintes de la situation sanitaire, poursuivent à un rythme accéléré leur transformation digitale. Il faudra cependant compter avec une inévitable hausse des niveaux de chômage à moyen terme, notamment parmi les plus jeunes durement touchés par la crise et qu’il nous appartient de soutenir.

Comment, dans un tel contexte, BNP Paribas prépare-t-il l’avenir ?

Jean-Laurent Bonnafé : À court terme, 2021 est une année de transition vers le prochain plan stratégique de BNP Paribas, que nous sommes en train de construire avec l’ensemble de nos lignes de métier. Dans la période que nous traversons, nous continuons par ailleurs à être pleinement mobilisés au service de nos clients, pour préparer avec eux la relance économique sur des bases durables et rester à l’avant-garde en matière d’innovation bancaire.

Prenant appui sur une organisation centrée autour de nos clients, les premiers travaux de réflexion liés à notre plan stratégique 2022-2025 s’inscrivent autour de quelques axes prioritaires : maximiser les synergies entre tous nos métiers du retail, au profit du déploiement accéléré de nos offres digitales ; renforcer notre développement dans les domaines de l’épargne, de l’investissement et de la protection ; amplifier la dynamique de croissance de l’activité de nos clientèles corporate et institutionnelles en s’appuyant sur des franchises de clientèles fortes ; enfin, poursuivre le renforcement de notre dispositif industriel, dans une organisation pleinement adaptée aux nouveaux modes de travail. Pour aborder au mieux ces nouveaux enjeux humains, technologiques et commerciaux, nous avons récemment ajusté le périmètre de nos pôles opérationnels en créant un ensemble Retail Banking, qui regroupe l’ensemble de nos métiers du retail, et un ensemble Investment & Protection Services pour concrétiser nos ambitions en matière d’épargne et d’investissement. Nous avons en outre fait évoluer, à cette occasion, l’équipe de direction du Groupe et poursuivi, dans ce contexte, le mouvement de féminisation de nos instances dirigeantes. Si l’on se projette à plus long terme, la crise que nous traversons nous invite collectivement à ériger un « monde d’après » plus protecteur de l’environnement, plus inclusif et davantage tourné vers l’idée de durabilité. Nous sommes d’ores et déjà très actifs sur les questions de finance durable et, en participant de manière significative au financement de la transition écologique de nos clients, nous accompagnons le passage à un modèle plus responsable. Nous entendons continuer dans cette voie et accélérer : nous alignons notre portefeuille de crédits sur la trajectoire prévue par l’Accord de Paris sur le climat, d’un réchauffement limité à 2 degrés, tendant vers 1,5 degré, et, plus récemment en avril 2021, nous avons rejoint la « Net-Zero Banking Alliance » créée par l’Initiative Finance de l’ONU Environnement (UNEP FI). Convaincus par ailleurs que la protection de la biodiversité constitue, au même titre que le climat, une nécessité absolue, nous allons porter nos engagements de financement à impact positif sur la biodiversité à 3 milliards d’euros. Plus largement, d’ici à fin 2022, nos financements en faveur de la transition énergétique et orientés vers les secteurs contribuant directement aux
Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations unies se porteront à 210 milliards d’euros.